Santé psychologique au travail : ces chiffres que personne ne veut voir

Le 10 octobre 2024 marquera la 32e édition de la Journée mondiale de la santé mentale. Initiée en 1992, cette journée vise à sensibiliser le public aux enjeux de santé psychologique, avec le soutien actif de L’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Un événement qui arrive à point nommé puisque la santé mentale devient un sujet de plus en plus préoccupant. En France, les troubles psychiques trouvent aussi leur place au travail. La souffrance des employés ne cesse d’augmenter. Si les entreprises interviennent peu à peu afin de prévenir les risques psychosociaux (RPS), le chemin vers une prise en charge optimale reste encore long. À l’occasion de cette journée mondiale, Wellbeing Journey vous propose de zoomer sur 10 chiffres clés liés à la santé mentale des salariés.

1. 42 % des travailleurs sont dans un état de détresse psychologique

La souffrance psychique est un fléau silencieux qui touche presque un salarié sur deux en France. Selon le Baromètre 2024 réalisé par le cabinet Empreinte Humaine et OpinionWay, 42 % des travailleurs sont actuellement en état de détresse psychologique. Certes, ce chiffre a baissé de 6 points par rapport à l’année précédente. Il reste néanmoins alarmant.

Derrière la « détresse psychologique » mentionnée par les collaborateurs se cachent en fait des symptômes de dépression et d’épuisement. Certains, particulièrement sévères, peuvent mener à des arrêts de travail prolongés et à des hospitalisations. C’est le cas pour 15 % des salariés, en détresse psychologique élevée.

2. Pour 55 % des salariés français, le manque de temps est la cause n° 1 de leur mal-être au travail

Aidance, situation familiale complexe, difficultés financières… À première vue, les causes de la détresse psychologique peuvent être nombreuses, et pas toujours liées au travail. Pourtant, 80 % des salariés affirment que leur environnement professionnel y est pour quelque chose.

Le manque de temps arrive en tête des préoccupations. Cette raison est citée par plus de la moitié des salariés (55 %) comme l’une des principales causes de leur mal-être au travail. Cette pression liée aux délais courts et à une charge de travail excessive nuit non seulement à leur performance, mais aussi à leur confort général.

Le fait de ne pas avoir assez de temps pour bien accomplir leurs tâches entraîne des frustrations, une baisse de la qualité du travail, et contribue à une augmentation du stress au quotidien. La culture du « tout, tout de suite » est devenue toxique pour beaucoup de salariés, les privant d’une organisation saine et d’un bon équilibre vie pro-vie perso.

D’autres facteurs aggravent cette situation. 46 % des salariés se sentent incapables de refuser une charge supplémentaire. Par ailleurs, 49 % déplorent l’utilisation d’outils inadaptés. Des contraintes qui poussent la moitié des employés à privilégier la quantité sur la qualité.

3. 1 814 maladies professionnelles relèvent d’affections psychiques

En France, 1 814 maladies professionnelles sont liées à des troubles psychiques, selon un rapport de l’Assurance Maladie. Ce chiffre est en augmentation régulière depuis plusieurs années. Il témoigne d’une meilleure prise en compte de ces troubles dans le monde du travail.

Bien que les troubles musculo-squelettiques dominent encore les statistiques des maladies professionnelles, les pathologies psychiques liées au stress, à l’épuisement et aux mauvaises conditions de travail gagnent du terrain.

4. 52 % des pathologies psychiques sont reconnues comme des maladies professionnelles en France

La France se distingue en Europe par sa reconnaissance des pathologies psychiques au travail. L’Observatoire Eurogip rapporte que 52 % de ces troubles sont désormais considérés comme des maladies professionnelles. Cette approche place l’Hexagone parmi les pays pionniers dans ce domaine.

Cette reconnaissance permet aux salariés de bénéficier d’une prise en charge médicale adaptée. Elle leur assure aussi une compensation financière adéquate. Néanmoins, des efforts restent à faire pour prévenir ces risques en entreprise.

5. Le nombre de salariés atteints de troubles mentaux a doublé en 12 ans

Les troubles mentaux au travail connaissent une croissance inquiétante. Une étude de Santé publique France révèle que leur nombre a doublé entre 2007 et 2019. Cette hausse spectaculaire s’explique par une dégradation des conditions d'exercice. Le stress, le burn-out et d’autres problèmes psychologiques sont en augmentation.

Plusieurs facteurs contribuent à cette tendance : l’intensification du travail, le manque de reconnaissance, la pression des objectifs. Les entreprises doivent impérativement s’engager dans la prévention des risques psychosociaux pour enrayer ce phénomène.

6. 7 % des Français souffrent de burn-out sévère, soit environ 30 000 personnes en détresse psychologique au travail

L’épuisement professionnel, ou burn-out frappe de plus en plus de travailleurs français. L’Institut de veille sanitaire estime que 7 % des salariés en souffrent de manière sévère. Cela représente environ 30 000 personnes en grande détresse psychologique au travail. Ce chiffre met en évidence l’ampleur du mal-être professionnel et ses risques potentiels.

Le burn-out se caractérise par une fatigue physique et émotionnelle extrême. Il résulte d’une exposition prolongée au stress. S’il se révèle parfois au grand jour de façon brutale, le burn-out ne survient pourtant pas du jour au lendemain. Il se développe progressivement et peut se manifester par divers symptômes :

• Épuisement émotionnel : sensation de vide, manque d’énergie chronique ;
• Cynisme ou détachement : indifférence envers le travail, irritabilité ;
• Baisse de l’efficacité : difficulté à se concentrer, baisse de productivité ;
• Troubles physiques : maux de tête, problèmes de sommeil, tensions musculaires ;
• Changements comportementaux : isolement social, consommation accrue de caféine ou d’alcool ;
• Perte de motivation : sentiment d’échec, remise en question professionnelle.

Si vous ou un collègue présentez plusieurs de ces symptômes de façon persistante, il est crucial de consulter un professionnel de santé. Une prise en charge précoce peut prévenir l’aggravation du burn-out et favoriser un rétablissement plus rapide.

7. 1000 milliards de dollars de perte de productivité mondiale

Les troubles mentaux ne sont pas seulement un problème humain, ils ont aussi un impact économique majeur. La dépression et l’anxiété causent une perte de productivité annuelle de 1000 milliards de dollars dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette perte est principalement due à l’absentéisme, aux arrêts de travail prolongés et à la diminution de l’efficacité des employés touchés.

8. 67 % des salariés français vont au travail sans enthousiasme

Une majorité de salariés français expriment une perte d’engagement. Selon le Baromètre 2024 de Qualisocial, 67 % des employés déclarent aller au travail de manière mécanique, sans motivation, voire à reculons. Ce désengagement est révélateur d’un malaise profond qui touche de plus en plus de secteurs d’activité.

La désaffection des employés pour leur travail s’explique en partie par des conditions dégradées, un manque de reconnaissance et une pression constante. Les entreprises doivent repenser leur approche du management et améliorer les conditions de travail pour réengager leurs salariés et prévenir les risques de burn-out.

9. 28 % des salariés de 18-29 ans se disent en détresse psychologique au travail

Les jeunes travailleurs sont particulièrement vulnérables aux troubles psychiques. 28 % des salariés âgés de 18 à 29 ans se déclarent en détresse psychologique, d’après le Baromètre 2024 d’Empreinte Humaine. Cette détresse est amplifiée par les incertitudes liées au marché du travail, les exigences élevées et les difficultés d’insertion professionnelle.

De façon plus générale, les jeunes de la génération Z sont 63 % à penser régulièrement à leur santé mentale, contre 55 % pour les Français dans leur majorité.

10. 39 % des organisations accordent du temps à des démarches de sensibilisation à la prévention des RPS

Malgré l’ampleur des risques psychosociaux, seuls 39 % des entreprises accordent du temps à des démarches de sensibilisation à la prévention des risques psychosociaux (RPS), selon le Baromètre Empreinte Humaine.

Pourtant, la prévention des RPS est non seulement une question de bien-être pour les salariés, mais aussi un levier de performance. Lorsque les conditions de travail sont adaptées et que les employés se sentent soutenus, leur engagement et leur productivité augmentent considérablement.

Agir pour la santé mentale des salariés : un impératif pour les entreprises

Ces dix chiffres clés démontrent l’importance de la santé mentale des salariés en France. Des progrès ont été réalisés dans la reconnaissance des troubles psychiques comme maladies professionnelles. Cependant, il reste beaucoup à faire pour prévenir ces risques et améliorer les conditions de travail.

La santé mentale au travail n’est plus une option, c’est une nécessité pour le bien-être des employés et la performance des entreprises.

Pour y parvenir, les organisations doivent investir dans la prévention. Une transformation durable des conditions de travail s’impose. Les entreprises doivent améliorer l’écoute et l’accompagnement de leurs collaborateurs et placer la santé mentale au cœur de leurs priorités. Elles favoriseront non seulement le bien-être de leurs employés, mais aussi leur compétitivité à long terme.

La prise en charge de la santé mentale au travail nécessite une approche globale. L’objectif ? Impliquer tous les acteurs de l’entreprise : direction, managers, ressources humaines et salariés. Des actions concrètes peuvent être mises en place :

• Formation des managers à la détection des signes de mal-être ;
• Mise en place de cellules d’écoute et de soutien psychologique ;
• Réorganisation du travail pour réduire le stress et la surcharge ;
• Promotion d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle ;
• Encouragement de la communication ouverte sur les problèmes de santé mentale.

La santé mentale au travail est l’affaire de tous. Elle nécessite un engagement collectif pour créer un environnement professionnel sain et épanouissant. C’est un défi majeur pour les années à venir, mais c’est aussi une opportunité de construire des organisations plus humaines et plus performantes.

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