17-10-2023

Comment lutter contre les risques psychosociaux en entreprise ?

Risques psychosociaux (RPS) au travail : savoir les détecter, les prévenir et les combattre

10 662 accidents du travail ont été attribués directement aux risques psychosociaux en 2021. Stress, harcèlement, conflits, agressions dans le milieu professionnel sont autant de dangers pour la santé mentale et physique des salariés. Dès 1998, lors d’un congrès de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), le terme de « risques psychosociaux » (RPS) a fait son apparition. Aujourd’hui, ce phénomène suscite un intérêt toujours plus grandissant de la part des services RH des sociétés, des sphères politique et médicale. Mais connaissez-vous vraiment les obligations des entreprises dans ce domaine ? Quelles solutions existent pour prévenir ces risques ? Comment agir concrètement dans le cadre professionnel ? Facteurs de risques psychosociaux, prévention, indicateurs de diagnostic des RPS… Nous vous guidons de A à Z pour savoir comment lutter contre les risques psychosociaux au travail.

1 — Savoir ce que sont les risques psychosociaux : définition

D’après le rapport du Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail remis le 11 avril 2011 par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), les risques psychosociaux sont :

« des risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental. »

En d’autres termes, les RPS peuvent porter atteinte à l’intégrité psychique (psycho) du fait des conditions de travail (sociaux).

Les types de RPS les plus courants sont :

  • Le stress aigu ou chronique, qui résulte généralement d'un déséquilibre entre les exigences du travail et les ressources disponibles. D’ailleurs, parmi les actifs français, près de 45 % déclarent devoir se dépêcher, toujours ou souvent.
  • Les violences internes à l’entreprise : harcèlement moral, harcèlement sexuel, conflits sont autant de situations représentant des risques pour la santé mentale des salariés.
  • Les violences externes à l’entreprise, exercées par des clients, des prestataires, des usagers. Il peut s’agir de menaces, d’insultes, voire d’agressions. D’après les résultats d’une enquête de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), 30 % des travailleurs déclarent avoir subi un comportement hostile dans les 12 mois précédents.

Certains métiers semblent plus touchés que d’autres par les risques psychosociaux. Parmi les principaux secteurs concernés par les affections psychiques liées au travail, on retrouve dans les premières positions : les transports, l’hébergement médico-social et social, le commerce de détail, l’action sociale, les activités de santé¹. Mais attention ! Tous les collaborateurs peuvent être concernés par ces risques psychosociaux, et ce quel que soit le statut hiérarchique, le sexe, l’âge, la rémunération.

2 — Comprendre les conséquences des RPS

En France, le coût social du stress est évalué à une fourchette entre 1,9 million et 3 millions d’euros. La facture comprend les soins apportés aux victimes, bien sûr, mais aussi la perte financière liée à l’absentéisme, par exemple. Vous l’aurez compris, les risques psychosociaux touchent autant les collaborateurs que les entreprises en elles-mêmes. Mais l’aspect financier n’est pas la seule conséquence.

L’impact des risques psychosociaux sur les salariés

Les risques psychosociaux peuvent engendrer un large éventail de problèmes de santé chez les salariés :

  • troubles musculo-squelettiques ;
  • maladies cardiovasculaires ;
  • troubles anxieux ;
  • troubles du sommeil ;
  • troubles de l’appétit.

Certains collaborateurs peuvent également souffrir d'épuisement professionnel, de dépression ou être amenés à effectuer une tentative de suicide. D’après un sondage Opinion Way réalisé pour le cabinet Empreinte Humaine, près de 2,5 millions de salariés étaient en burn-out sévère en juin 2022.

Tous ces impacts mettent en évidence un besoin urgent de prévention et de gestion des risques psychosociaux.

Les répercussions des RPS sur la performance de l’entreprise

Mais vous le savez sans doute, les risques psychosociaux ne se limitent pas aux conséquences sur les travailleurs. Les entreprises sont elles aussi considérablement affectées. Le turn-over et l’absentéisme dû aux arrêts de travail pour maladie ou accident du travail entraînent des besoins accrus en remplacement. Un collaborateur souffrant de RPS présente des signes évidents de perte d'efficacité, de concentration ou de créativité, ce qui impacte directement les résultats financiers de l'entreprise, mais aussi le moral des équipes. La baisse de productivité est donc réelle.

3 — Connaître les obligations de l’employeur pour mieux lutter contre les risques psychosociaux

Les employeurs ont bien des obligations en matière de gestion des risques psychosociaux. L’idée ? Garantir la sécurité et la santé physique et mentale des salariés. Ces obligations se déclinent en plusieurs volets :

  • Une obligation de sécurité. Le Code du travail (article L. 4121-1) est très clair sur ce point : « L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». Il doit pour cela offrir une organisation du travail adaptée, informer ses collaborateurs et prévenir les risques psychosociaux.
  • Des dispositions réglementaires particulières. Il existe des réglementations spécifiques concernant des modes d'organisation du travail (travail de nuit, travail posté, c’est-à-dire en équipes alternantes) ou encore les relations de travail (non-discrimination, harcèlement), le travail sur écran.
  • Accords Nationaux Interprofessionnels (ANI). Deux ANI ont été signés à l’unanimité par les organisations syndicales et patronales, puis rendus obligatoires : l'ANI sur le stress au travail (2008) et l'ANI sur le harcèlement et la violence au travail (2010).

Bon à savoir : quelle différence entre RPS et QVCT ou bien-être au travail ?

Les démarches de Qualité de vie et des conditions de travail ou d’amélioration du bien-être au travail viennent compléter celle de prévention des risques psychosociaux. En revanche, la QVCT ne se rapporte pas directement à la notion de risque portant atteinte à la santé ou sécurité. De ce fait, on peut considérer que le travail des entreprises sur les RPS est un socle indispensable pour entamer une politique de QVCT.

Les obligations des entreprises sont donc claires. En tant que dirigeant ou responsable RH, vous devez donc évaluer les risques pour les prévenir. Mais concrètement, comment faire ?

4 — Identifier les 6 facteurs de risques psychosociaux

Connaissant l’impact des risques psychosociaux sur la performance d’une entreprise et le bien-être des salariés, vous pouvez ressentir l’urgence de vous lancer dans une démarche de prévention. Toutefois, cela peut vous sembler bien vertigineux, surtout si vous êtes en charge des ressources humaines d’une petite ou moyenne entreprise. Pas de panique ! Le Collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail a élaboré une liste de 6 facteurs favorisants³ :

  • Les facteurs liés au temps de travail et à son intensité : objectifs irréalistes, missions floues, horaires inadaptés, etc.
  • Les facteurs liés au manque d’autonomie : vos collaborateurs peuvent-ils s’auto-organiser ? Ont-ils la possibilité de participer aux prises de décisions qui les concernent ?
  • Les facteurs liés aux exigences émotionnelles : contact avec la souffrance, tensions avec les clients ou les usagers, obligation de sourire. 27 % des actifs déclarent d’ailleurs devoir cacher leurs émotions dans le cadre professionnel4 : un facteur de risque psychosocial.
  • Les facteurs liés au conflit de valeurs : travail jugé inutile, dévalorisation du travail fourni, impossibilité de fournir un travail de qualité.
  • Les facteurs liés aux rapports sociaux : entraide entre collègues, évaluation de la hiérarchie, perspectives de carrière, management autoritaire.
  • Les facteurs liés à l’insécurité au travail : précarité des contrats, salaire variable, restructurations.

Comprendre et prendre en compte ces risques permet d'adopter des mesures préventives adaptées, et ce le plus vite possible. Les objectifs ? Préserver la santé mentale des salariés, perfectionner votre marque employeur, mettre en place un climat social apaisé et maintenir une bonne performance globale de l’entreprise.

Bien sûr, ces facteurs n’auront pas le même impact selon les collaborateurs et les contextes. En revanche, lorsqu’ils s’inscrivent dans la durée, qu’ils sont nombreux et subis, alors ils donnent lieu à des risques psychosociaux.

5 — Adopter une méthode efficace d’identification des risques psychosociaux

La prévention des risques psychosociaux incombe donc à l’employeur. En revanche, il s’agit là d’une démarche collective. Il faut donc mobiliser tous les acteurs impliqués dès le début :

  • les collaborateurs, au cœur de la question des risques psychosociaux ;
  • les partenaires sociaux, le CSE (Comité social économique) et les représentants du personnel ;
  • le service de prévention et de santé au travail (SPST)
  • et bien sûr la Direction générale, ainsi que la Direction des ressources humaines.

Le saviez-vous ? Des organismes comme les Carsat, Cramif ou CGSS ont un rôle d’accompagnement des entreprises dans la mise en œuvre de méthodes de prévention des accidents professionnels et maladies du travail. L’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) offre aussi un appui précieux pour prévenir les RPS. Enfin, certains cabinets de conseil spécialisés peuvent vous apporter de l’aide dans votre démarche.

La première étape pour lutter efficacement contre les risques psychosociaux consiste à établir un cadre solide. L’idée ? Opter pour une démarche participative favorisant le dialogue social. Vous devrez analyser les situations de travail telles qu’elles sont (conditions, contexte), et non les comportements individuels.

Il n’existe malheureusement pas de recette miracle pour lutter contre les risques psychosociaux en entreprise. En revanche, identifier avec précision les risques propres à votre activité vous aidera sans nul doute à les combattre de façon efficace. Pour cela, vous pouvez utiliser plusieurs types d’indicateurs :

  • Les indicateurs liés au fonctionnement de l’entreprise comme le temps de travail ou encore les mouvements du personnel. Par exemple, vous pouvez calculer le taux de turn-over (ou rotation du personnel) ;
  • Les indicateurs liés à la santé des collaborateurs, comme le taux de visite sur demande au médecin de prévention ou le taux d’absentéisme pour maladie.
  • Les indicateurs liés aux relations sociales dans l’entreprise, comme le bon fonctionnement des institutions représentatives, le nombre de plaintes pour harcèlement, par exemple.

En réalité, ces indicateurs sont multiples et doivent être adaptés aux phénomènes que vous observez au sein de votre entreprise (absentéisme, conflits, épuisement professionnel, turn-over…).

Enfin, comment réaliser une évaluation efficace des risques ? Tout dépend de la taille de votre entreprise. Les TPE auront le loisir de proposer aux collaborateurs de se réunir par petits groupes, tandis que les entreprises de plus grande envergure pourront utiliser des questionnaires, sondages ou autres données chiffrées à exploiter en plus des entretiens et observations sur le terrain.

L’INRS propose de très nombreux questionnaires de prévention des risques psychosociaux à exploiter, ainsi qu’un guide « Dépister les risques psychosociaux, des indicateurs pour vous guider ». Enfin, un outil de dialogue « Faire le point » est également proposé aux petites entreprises.

6 — Agir pour mettre en place une prévention des risques psychosociaux

Vous avez identifié les risques psychosociaux spécifiques à votre entreprise ? Il ne vous reste plus qu’à mettre un plan d'action efficace.

Les entreprises ont notamment l’obligation de rédiger le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Ce document est obligatoire pour toutes les entreprises employant au moins un salarié. Sa raison d’être ? Recenser annuellement les résultats de l'évaluation des risques physiques et psychosociaux auxquels les salariés peuvent être exposés. C’est donc une référence essentielle dans la démarche de prévention des RPS. En complément, la loi du 2 août 2021 a introduit l'obligation de formaliser un Programme annuel de prévention des risques professionnels et d'amélioration des conditions de travail (PAPRIPACT), qui résume les actions à entreprendre pour faire face aux risques identifiés dans le DUERP.

En pratique, de nombreuses pistes existent pour agir au quotidien :

  • Développer l’autonomie des collaborateurs en les impliquant davantage dans les décisions relatives à leur activité, en encourageant les prises d’initiative, en développant un plan de formation varié afin de leur permettre de monter en compétences.
  • Aider à la conciliation entre vie privée et professionnelle en fixant des horaires de réunion compatibles avec leur vie familiale, en veillant à leur droit à la déconnexion, en leur facilitant l’accès à des services essentiels au quotidien (places en crèches, etc.). Wellbeing Journey s’engage à vos côtés dans la prévention des risques psychosociaux. Permettez à vos collaborateurs d’accéder à un catalogue d’offres « Privilèges » donnant accès à des tarifs partenaires exclusifs, comme des places de crèche ou services liés à la maternité.
  • Gérer le stress dans le cadre professionnel : redéfinissez les processus, améliorez la communication interne, offrez des solutions bien-être à vos collaborateurs. La plateforme Wellbeing Journey propose de nombreux contenus pour améliorer la santé mentale des travailleurs : cours de yoga, développement personnel, relaxation, informations santé.

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Auteur: La team Wellbeing Journey
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