01-02-2024
Si vous êtes employeur ou responsable RH, il y a fort à parier que, parmi vos collaborateurs, se trouve un proche aidant. D’après les dernières statistiques de la DREES sur l’aidance (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), près de 9,3 millions de Français seraient dans cette situation. 25 % sont présents pour apporter leur soutien à un proche en situation de handicap, 38 % à un proche malade (8e baromètre annuel des aidants de la fondation April). Mais c’est surtout pour répondre à une évolution démographique majeure que le nombre d’aidants croît chaque année : le vieillissement de la population. 50 % des aidants accompagnent en effet un proche âgé en situation de dépendance. Si le Code du travail prévoit quelques dispositions réglementaires pour soutenir les aidants salariés, les RH des entreprises restent en première ligne pour les accompagner au quotidien. Dès lors, comment l’employeur peut-il participer à l’aide aux aidants salariés ?
Être aidant en travaillant : une situation plus courante qu’on ne le croit
Salarié aidant : la définition officielle
Seul le Code de l’action sociale et des familles en donne une définition :
« Est considéré comme proche aidant d’une personne âgée son conjoint, le partenaire avec qui elle a conclu un pacte civil de solidarité ou son concubin, un parent ou un allié, définis comme aidants familiaux, ou une personne résidant avec elle ou entretenant avec elle des liens étroits et stables, qui lui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne. » — Article L113-1-3 du Code de l’action sociale et des familles
En revanche, vos recherches dans le Code du travail risquent de rester vaines. Rien n’est prévu pour décrire précisément la situation du salarié aidant, bien spécifique. Il faut donc se contenter de la définition générale du proche aidant tout en gardant en tête que l’impact de ce type de situation sur l’environnement de travail peut être significatif. Le sujet reste émergent en termes de prise en compte par les entreprises, plus ou moins sensibles à la question. Pour vous aider dans vos démarches, Wellbeing Journey fait le point sur le sujet de l’aide aux aidants salariés. Suivez le guide !
Quel est le nombre de salariés aidants en France ?
On entend de plus en plus parler de ces salariés aidants, de véritables « co-soignants » qui semblent cumuler leur activité professionnelle avec une activité bénévole, tout aussi prenante, d’aidance. Mais est-ce un phénomène de grande ampleur ou s’agit-il de cas anecdotiques ? Est-il indispensable pour une entreprise, qu’elle soit grande ou petite, de s’intéresser dès aujourd’hui à la prise en compte de ces salariés ?
Si l’on se penche sur les chiffres, le phénomène est loin de rester à la marge. Selon le baromètre BVA/Fondation April de 2022, 1 Français sur 5 serait aidant. Les données officielles les plus récentes, issues de l’enquête Vie Quotidienne et Santé menée par la DREES en 2021, estiment quant à elles à 9,3 millions le nombre de personnes aidant régulièrement un proche pour des raisons de santé ou de handicap. La précédente enquête Handicap-Santé « Aidants informels » (HSA) de 2008 comptait 8,3 millions d’aidants, soutien administratif, moral ou matériel compris.
Plus précisément, d’après le 8e Baromètre des aidants de la fondation April, environ 70 % des aidants seraient actifs. Et s’il fallait dresser un profil type du salarié aidant, ce serait en majorité des femmes.
Salarié aidant : le Code du travail lui assure des droits
Connaissez-vous les différents congés et dispositifs existants pour soutenir les salariés aidants au sein de l’entreprise ? Le tableau suivant présente un aperçu des options disponibles. Mais attention ! Ces informations restent de nature générale. Nous vous invitons à consulter les conventions collectives applicables à votre secteur. Certaines offrent en effet des dispositions plus favorables aux collaborateurs. De plus, vérifiez si des accords collectifs spécifiques existent au sein de l’entreprise. Ils pourraient également influencer les droits et avantages des salariés aidants.
Type de Congé | Conditions d’Éligibilité | Durée | Indemnisation | Particularités |
Congé de Proche Aidant (CPA) | Tout salarié, sans condition d’ancienneté, pour s’occuper d’un proche présentant un handicap ou une perte d’autonomie | 3 mois renouvelable, limité à 1 an sur la carrière | Allocation journalière de proche aidant (AJPA) versée par la CAF | Peut être pris en temps partiel ou fractionné |
Congé de Présence Parentale (CPP) | Tout salarié, pour un enfant de moins de 20 ans gravement malade, en situation de handicap ou accidenté | 310 jours sur 3 ans pour un même enfant (renouvelable) | Allocation journalière de présence parentale (AJPP) par la CAF | Contrat de travail suspendu, pas de rémunération par l’employeur |
Congé de Solidarité Familiale (CSA) | Tout salarié, pour un proche en fin de vie | 3 mois renouvelable une fois | Allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie (AJAP) | Non rémunéré par l’employeur, interdit d’exercer une autre activité professionnelle |
Don de Congés | Tout salarié, pour don de jours de repos à un collègue dont un enfant est gravement malade ou à tout proche aidant | Selon accord entre collègues | Rémunération maintenue pour le bénéficiaire du don | Permet aux salariés aidants de ne pas perdre en rémunération |
Malheureusement, plusieurs de ces dispositifs restent largement méconnus, tant par les entreprises que par les collaborateurs concernés. Méconnaissance, niveaux d’indemnisation insuffisants sont autant de raisons expliquant la sous-utilisation de ces mesures. D’ailleurs, d’après le baromètre de la fondation April, 47 % des aidants ne se considèrent pas comme tels. L’entreprise a donc un rôle sociétal à jouer pour aider à la reconnaissance de ces salariés à double casquette.
Aide aux aidants salariés : l’employeur doit agir
Quelles sont les difficultés rencontrées par les collaborateurs aidants ?
Les collaborateurs aidants, qui jonglent entre leurs responsabilités professionnelles et le soin d’un proche, sont confrontés à un éventail de défis complexes. Pour savoir comment les accompagner au mieux, il faut avant tout les comprendre. Voici les principaux obstacles rencontrés par les salariés aidants :
- Une charge de travail accrue : un aidant sur 5 dit y consacrer plus de 20 heures par semaine.
- Des difficultés financières : la perte de revenus due à l’aidance n’est pas complètement compensée par les indemnisations existantes. Il faut aussi noter que ces femmes aidantes sont les plus touchées. De quoi accentuer davantage les écarts de rémunération entre les sexes et impacter leurs droits à la retraite.
- La conciliation vie professionnelle/personnelle : la gestion simultanée des responsabilités professionnelles et de l’aidance réduit le temps disponible pour les loisirs et les activités sociales. Parfois, la distance géographique entre l’aidant et le proche complique davantage cette conciliation.
Soutien aux aidants : quels bénéfices pour l’entreprise ?
Accompagner les salariés aidants présente des avantages considérables pour les entreprises, tant sur le plan économique, organisationnel que culturel. Ignorer les besoins de vos collaborateurs confrontés à cette situation peut entraîner des coûts significatifs dont vous vous passeriez bien. Productivité et performance économique peuvent directement être impactées. Il vaut donc mieux prendre le problème à bras le corps.
29 % des aidants estiment que cette situation a des répercussions négatives sur leur sommeil. Côté moral, là encore, 29 % se sentent affectés par leur double rôle. Enfin, 27 % considèrent que leur santé se dégrade (résultats du baromètre 2022 de la fondation April). Résultat ? Un stress accru, une concentration et une motivation en chute libre. Tout cela se traduit par des absences imprévues, voire une baisse de vigilance. Une situation qui peut même impacter toute une équipe par ricochet.
D’un autre côté, la mise en place de politiques de soutien aux salariés aidants peut avoir un impact positif sur la performance sociale et économique. Des études montrent que les entreprises avec des mesures de soutien aux aidants sont plus résilientes, performantes et bénéficient d’une meilleure flexibilité, d’une meilleure organisation et d’un climat social apaisé (enquêtes menées pour l’établissement d’un avis de France Stratégie, Engagement des entreprises pour leurs salariés aidants, 2022).
Enfin, n’oubliez pas que soutenir les salariés aidants renforce aussi la réputation de votre entreprise. L’objectif : attirer les nouveaux talents et fidéliser les collaborateurs. C’est un enjeu de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) qui gagne en importance. Car oui, les entreprises ont un rôle à jouer dans la prise en compte des vulnérabilités, aux côtés des missions de santé publique.
Comment soutenir les collaborateurs aidants ?
Proposer des aides financières aux aidants
Vous l’avez compris : lorsqu’un salarié devient aussi aidant, l’aspect financier se transforme souvent en une préoccupation majeure. D’un côté, les dépenses augmentent (trajets, aides financières à la personne aidée…), de l’autre les revenus se voient réduits (en cas de congés ou de passage à temps partiel, notamment). Bien sûr, des indemnisations existent pour soutenir les salariés aidants. Mais sont-elles suffisantes pour faire face au coût de la vie quotidienne ? Les aidants sont unanimes : non. D’ailleurs, dans le top 3 des solutions souhaitées par les aidants pour faciliter leur vie, on retrouve l’attribution d’aides financières ou matérielles. Les dispositifs existants ne semblent donc pas suffisants.
En tant qu’entreprise, vous pouvez donc compléter ces dispositifs étatiques par des mesures financières spécifiques. Une façon de reconnaître la situation de vos salariés aidants. Parmi les actions concrètes que vous pouvez mener, pensez à l’octroi :
- D’aides financières ponctuelles, pour couvrir des dépenses exceptionnelles liées à l’aidance, comme l’aménagement du véhicule ou du logement, l’achat d’équipements spécifiques, ou le financement d’aides ménagères.
- D’aides financières permanentes, sous forme d’allocations mensuelles ou annuelles offrant un complément de revenu aux salariés aidants.
- De chèques CESU préfinancés, similaires aux chèques restaurant, pour faciliter l’accès à l’aide à domicile.
- Intégrer l’accès à différents services d’aide à domicile à tarif préférentiel dans un pack d’avantages sociaux.
Aménager le temps de travail
L’un des facteurs clés pour faciliter l’équilibre entre vie professionnelle et responsabilités personnelles des aidants ? La flexibilité du temps de travail. Au sein de l’entreprise, vous pouvez tout à fait opter pour différentes mesures d’aménagement horaire comme :
- Des horaires flexibles permettant aux salariés aidants d’organiser leurs visites aux proches aidés lorsque c’est le plus opportun. L’article L3121-49 du Code du travail offre aux proches de personnes en situation de handicap la possibilité de bénéficier d’horaires aménagés.
- L’octroi de temps partiels de droit pour les salariés aidants qui le souhaitent.
- La mise en place de télétravail : de quoi offrir un gain de temps non négligeable sur les trajets quotidiens et permettre aux salariés d’être plus proches de leurs aidés. Attention toutefois à rester attentif à l’éventuelle perte de lien social.
- La possibilité de prendre des congés ponctuels pour accompagner les proches lors de rendez-vous médicaux ou dans leur parcours de soins. Certains accords collectifs prévoient d’ailleurs des congés familiaux de tous types.
Prendre soin de leur santé mentale
71 % des aidants pensent que leur rôle n’est pas assez pris en compte dans la sphère professionnelle. Mais paradoxalement, nombreux sont ceux qui n’évoquent pas leur situation face à leur employeur. Par pudeur, peur des discriminations ou stigmatisations, ils préfèrent garder cela pour eux. Alors comment, en tant qu’entreprise, prendre soin de leur santé mentale ?
Souvent submergés par la double responsabilité de leur emploi et de l’aidance, ces salariés nécessitent un soutien spécifique pour prévenir l’épuisement et maintenir leur bien-être. Des diagnostics de santé mentale systématiques lors des visites médicales professionnelles peuvent aider à identifier les signes de stress ou de surmenage.
En outre, l’accès à des services de soutien psychologique (lignes d’écoute, par exemple) peut offrir aux salariés aidants un espace sécurisé pour exprimer leurs préoccupations et recevoir des conseils adaptés. Envisagez également d’établir des partenariats avec des entreprises de soin à domicile pour leur offrir un temps de répit. L’idéal ? Proposer l’accès à un ensemble de services et ressources dédiés à la santé mentale de vos collaborateurs. Ne l’oubliez pas : la prévention des risques psychosociaux concerne l’ensemble de vos salariés, quelle que soit leur situation en dehors du temps de travail.
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