06-08-2024

Passer à la semaine de 4 jours : le pour et le contre

Un week-end de trois jours pour un salaire inchangé ? Voilà une promesse alléchante ! La semaine de 4 jours fait des émules, en France et ailleurs. Pourtant, si ce modèle gagne du terrain séduit de plus en plus d’employés et d’employeurs, il a aussi ses détracteurs. Certes, réduire la semaine de travail à quatre jours tout en conservant le même salaire semble offrir des avantages indéniables. D’après le rapport final sur l’expérimentation menée durant un an au Portugal, 86 % des entreprises participantes ont vu leur chiffre d’affaires augmenter. Cependant, cette nouvelle organisation suscite également des débats légitimes : surcharge, amplitude horaire trop importante, perte de productivité… Alors, cette formule est-elle l’avenir du travail ? Cache-t-elle des pièges inattendus ? Wellbeing Journey vous aide à y voir plus clair si vous envisagez de passer à la semaine de 4 jours.

Semaine de 4 jours : de quoi parle-t-on ?

Définition

La semaine de 4 jours consiste à travailler quatre journées par semaine au lieu des cinq habituelles (parfois cinq au lieu de six, dans certains pays). Ce concept, qui a gagné en popularité ces dernières années, vise à offrir aux employés un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

La réduction du temps de travail hebdomadaire sans perte de revenu s'appuie sur l’idée que des employés reposés et heureux sont plus productifs et engagés.

Divers pays, dont l’Islande et l’Espagne ont déjà expérimenté ce modèle avec des résultats encourageants. En France, plusieurs entreprises comme LDLC ont également adopté la semaine de 4 jours.

Modalités de mise en place

La mise en œuvre de la semaine de 4 jours peut prendre différentes formes selon les entreprises et les pays.

Concrètement, il faut bien distinguer la semaine DE quatre jours et la semaine EN quatre jours.

La semaine en 4 jours

Dans ce modèle, les collaborateurs travaillent quatre jours par semaine tout en conservant le même nombre d’heures d’activité hebdomadaires et un salaire identique. Par exemple, une semaine de 35 heures serait répartie sur quatre jours au lieu de cinq, ce qui implique des journées de travail plus longues, souvent autour de 8 h 45. C’est la formule la plus couramment adoptée par les entreprises.

La semaine de 4 jours

Ici, le nombre total d’heures de travail est diminué. Par exemple, au lieu de travailler 35 heures en cinq jours, les employés peuvent réaliser 28 ou 32 heures réparties sur quatre jours, avec un salaire ajusté en conséquence ou parfois maintenu au même niveau pour encourager la flexibilité et le bien-être. Il s’agit bien d’une vraie réduction du temps de travail.

Alors, semaine de 4 jours ou en 4 jours ? Dans la suite de cet article, nous nous référerons principalement au modèle de la semaine en quatre jours.

Les avantages de la semaine de 4 jours

Réduction du stress et augmentation du bien-être

C’est l’un des premiers bénéfices avancés par les adeptes de la semaine de 4 jours : une meilleure qualité de vie. La semaine de 4 jours peut considérablement améliorer le bien-être des employés en réduisant le stress lié au travail.

Avec un jour de repos supplémentaire, les salariés auraient plus de temps pour se détendre, se consacrer à leurs loisirs et être avec leurs proches. Cette organisation contribue à une meilleure santé mentale et physique. De quoi réduire les dangers du burn-out, prévenir les risques psychosociaux et les maladies liées au stress.

L’exemple de l’Islande

Lors d’une expérimentation menée en Islande entre 2015 et 2019, plus de 2 500 salariés du secteur public ont testé la semaine de 4 jours sans réduction de rémunération. Les résultats ont été probants : 86 % des participants ont déclaré une amélioration significative de leur bien-être, une diminution du stress et une meilleure santé mentale.

Meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle

C’est l’autre avantage phare de la semaine de 4 jours : une meilleure articulation des temps de vie professionnels et personnels. Concrètement, les salariés peuvent utiliser leur jour de congé supplémentaire pour accomplir des tâches privées, s’adonner à leurs loisirs, s’occuper de leurs enfants ou simplement se reposer.

L’exemple de KPMG France

KPMG France a mis en place une semaine de 4 jours parentale pour ses collaborateurs devenus parents. Ce dispositif leur permet de travailler à 80 % tout en étant payés à 100 % pendant six mois. Cette initiative a aidé les employés à mieux concilier leurs responsabilités familiales et professionnelles, améliorant ainsi leur satisfaction et leur engagement envers l’entreprise.

Boost de productivité

Certains craignent une baisse de la performance des entreprises lors du passage à la semaine de 4 jours. Pourtant, travailler moins de jours n’implique pas nécessairement une chute de productivité. Au contraire, de nombreuses études montrent que les collaborateurs sont plus concentrés et efficaces lorsqu’ils travaillent quatre jours au lieu de cinq. La réduction de la semaine peut inciter les employés à mieux gérer leur temps et à être plus productifs pendant leurs heures de travail.

L’exemple de Microsoft Japon

Microsoft Japon a testé la semaine de 4 jours en 2019, en fermant ses bureaux tous les vendredis. Le résultat a été impressionnant : la productivité a augmenté de 40 %. Les employés étaient plus efficaces, les réunions étaient plus courtes et la communication interne s’est améliorée.

Réduction de l’absentéisme et du turnover

La semaine de 4 jours peut également réduire l’absentéisme et le turnover au sein des équipes de travail. Les employés, bénéficiant d’un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle, sont moins susceptibles de s’absenter pour des raisons de stress, de fatigue ou pour des motifs personnels et sont plus enclins à rester fidèles à leur entreprise.

L’exemple britannique

Une étude menée au Royaume-Uni en 2022, où 70 entreprises ont expérimenté la semaine de 4 jours, a révélé une diminution de l’absentéisme et du turnover. Les employés étaient plus heureux et moins stressés. Résultat : une meilleure rétention des talents, une réduction des coûts liés au recrutement et à la formation de nouveaux collaborateurs.

Réduction des coûts et de l’empreinte carbone

On y pense moins, mais réduire la semaine de travail permet également de réaliser des économies. Les entreprises peuvent limiter leurs dépenses en énergie, en entretien et en fournitures si tous les bureaux physiques sont fermés le même jour. Mieux : travailler un jour de moins par semaine peut avoir un impact positif sur l’environnement. Qui dit moins de déplacements domicile-travail dit réduction des émissions de CO2, mais aussi baisse de la consommation en énergie dans les locaux.

L’exemple suédois

En Suède, une étude a montré qu’une réduction de 20 % du temps de travail peut entraîner une diminution de 16 % des émissions de gaz à effet de serre.

Attractivité et fidélisation des talents

Dernier atout de la semaine de 4 jours : celui d’attirer les talents dans un contexte de recrutement de plus en plus concurrentiel. Dans un marché de l’emploi compétitif, offrir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle peut faire la différence pour les candidats potentiels et aider à fidéliser les employés actuels.

L’exemple de LDLC

LDLC, un leader français de la vente en ligne de matériel informatique, a mis en place la semaine de 4 jours en 2021. Cette initiative a non seulement permis de réduire le turnover, mais aussi d’attirer de nouveaux talents, désireux de bénéficier d’un cadre de travail flexible et favorable à leur bien-être. Grâce au renforcement de sa marque employeur, la société a vu une augmentation significative des candidatures et a réussi à fidéliser ses collaborateurs.

Les inconvénients de la semaine de 4 jours

Risque de surcharge de travail et stress accru

L’un des principaux arguments contre la semaine de 4 jours est le risque de surcharge de travail. Pour 33 % des salariés, c’est même le premier frein à son adoption. Travailler moins de jours peut conduire à une intensification du rythme durant les jours restants, ce qui peut provoquer du stress et une fatigue accrue chez les employés. Les collaborateurs peuvent se sentir pressés de terminer leurs tâches dans un laps de temps plus court et finalement compromettre leur bien-être et leur santé mentale. Tout le contraire de l’effet recherché !

L’exemple belge

En Belgique, la loi du 3 octobre 2022 a ouvert la possibilité d’une réorganisation du temps de travail sur quatre jours sans réduction du nombre d’heures, avec une semaine d’environ 38 heures réparties sur des journées de 9 h 30. Cette réforme s’inscrit dans le cadre du « Deal pour l’emploi ». Cependant, le bilan montre un engouement limité. La demande individuelle par les salariés, l’absence d’expérimentations collectives et des journées de travail trop longues sont des freins importants. Les employeurs doutent de leur capacité à maintenir la productivité à ce rythme.

Inégalités dans l’utilisation des congés et pression sociale

La semaine de 4 jours peut aussi entraîner des inégalités parmi les employés. Certains peuvent se sentir plus libres de prendre des congés, tandis que d’autres peuvent se restreindre par crainte d’être perçus comme moins engagés ou moins performants. Cela peut créer des tensions au sein des équipes et affecter la cohésion.

Malgré la flexibilité offerte par la semaine de 4 jours, il peut y avoir une pression sociale implicite pour limiter les congés. Les employés peuvent craindre que prendre régulièrement leur jour de repos soit mal vu par leurs collègues ou supérieurs, ce qui peut les dissuader d’utiliser pleinement ce bénéfice.

Semaine de 4 jours et respect du droit du travail

L’adoption de la semaine de 4 jours doit également respecter la réglementation en vigueur, notamment en ce qui concerne la durée maximale de travail quotidien et hebdomadaire. Les entreprises doivent s’assurer que cette nouvelle organisation est conforme à la loi pour éviter des sanctions et des litiges.

Le cas français

En France, la législation sur le temps de travail impose une durée maximale de 10 heures par jour et de 48 heures par semaine. Les entreprises doivent donc veiller à ne pas dépasser ces limites lorsqu’elles mettent en place la semaine de 4 jours.

Adaptation aux spécificités sectorielles

Tous les secteurs d’activité ne sont pas adaptés à la semaine de 4 jours. Certains, comme les services de santé, l’éducation ou les domaines nécessitant une présence continue, peuvent trouver difficile de réorganiser leur emploi du temps pour s’adapter à ce modèle.

Par exemple, dans le secteur de la santé, la réduction des jours de travail peut entraîner des difficultés de planification, une augmentation des heures supplémentaires pour le personnel voire la nécessité d’embaucher de nouveaux salariés.

De plus, 41 % des dirigeants d’entreprise évoquent le risque d’une moins bonne coordination avec les clients qui n’auraient pas le même rythme de travail.

Le manque d’inclusivité

Pour les parents de jeunes enfants, l’allongement des journées de travail lié à la semaine de quatre jours peut entraîner des coûts supplémentaires de garde, malgré la journée non travaillée. Cette adaptation est particulièrement problématique pour les foyers monoparentaux et les actifs en situation de handicap.

L’exemple de l’URSSAF de Picardie

Au sein de cette institution, peu de parents ont opté pour le modèle de la semaine à 4 jours. La raison ? Les horaires ne permettaient pas de déposer et récupérer les enfants à l’école. De plus, les possibles augmentations salariales ne suffisaient pas à couvrir les frais de garde supplémentaires.

La semaine de 4 jours a des avantages et des inconvénients

La semaine de 4 jours peut offrir des avantages considérables en matière d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. C’est également un moyen intéressant d’octroyer plus de flexibilité à ceux qui ne peuvent pas, du fait de la nature de leur métier, télétravailler. Toutefois, la semaine de 4 jours présente aussi des défis et des limites. Sa mise en œuvre doit être mûrement réfléchie et reposer sur des accords collectifs pour s’assurer que les bénéfices l’emportent sur les inconvénients.

Auteur: L'équipe Wellbeing Journey
Retour