14-11-2024

Quiet quitting au travail : et si la démission silencieuse nous invitait à lever le pied ?

La démission silencieuse n’a pas grand-chose à voir avec une démission classique. Le quiet quitting n’implique pas de quitter physiquement son emploi. Les salariés continuent à occuper leur poste, mais limitent leurs efforts au strict minimum requis. Ce phénomène, venu des États-Unis, fait parler de lui en France depuis quelques années. Près de 43 % des travailleurs français des entreprises de plus de 10 salariés affirment faire seulement le nécessaire au travail. Pourtant, les interprétations de cette tendance varient : s’agit-il d’un retour aux sources inévitable ou d’une baisse de l’engagement ? Peut-on vraiment blâmer les employés qui décident de remplir les termes de leur contrat, ni plus, ni moins ?

Qu’est-ce que le quiet quitting (démission silencieuse au travail) ?

La démission silencieuse, popularisée par des vidéos virales sur TikTok, consiste à cesser tout investissement affectif et personnel au travail. Concrètement, cela se traduit par un respect strict des horaires, le refus des heures supplémentaires, l’abandon des initiatives non essentielles et une distanciation émotionnelle vis-à-vis de l’entreprise. Ce mouvement apparaît souvent en réaction à un sentiment de surmenage ou de désillusion. Aux États-Unis, une enquête Gallup de 2022 indique que 50 % des travailleurs se reconnaissent dans cette pratique. En France, le phénomène prend également de l’ampleur, touchant aussi bien les jeunes générations en quête de sens que des salariés plus expérimentés, lassés de ne pas se sentir valorisés.

Pourquoi optent-ils pour une démission silencieuse ?

Une réaction au manque de reconnaissance

Près de 48 % des salariés français ont l’impression d’être « perdants » au regard de leur investissement au travail, soit deux fois plus qu’il y a trente ans. Ce sentiment d’injustice alimente le désengagement des collaborateurs, qui choisissent alors de limiter leurs efforts pour ne plus se sentir exploités.

Sans feedback positif ni encouragement, il devient difficile de trouver la motivation pour donner son maximum. Ce sentiment de ne pas être valorisé entraîne une baisse d’engagement : pourquoi fournir des efforts supplémentaires si ceux-ci passent inaperçus ?

Désalignement des valeurs avec l’entreprise

Lorsque les valeurs personnelles du collaborateur ne s’alignent plus avec celles de l’entreprise, le désengagement est souvent inévitable. 60 % des salariés français affirment qu’ils refuseraient de travailler pour une société qui ne partage pas leurs valeurs. L’incompatibilité des valeurs peut créer un sentiment de malaise et de frustration chez les employés, qui finissent par se désintéresser de leur rôle.

Épuisement professionnel et besoin de protection

Le burnout, un autre facteur du quiet quitting, touche de nombreux salariés en France. D’après le baromètre « État psychologique des salariés français » d’Empreinte Humaine réalisé par Opinion Way en 2023, 42 % des travailleurs seraient en détresse psychologique modérée à sévère. 8 sur 10 affirment que cet état est lié à leur environnement de travail. Pour certains, réduire leur engagement est un moyen de se protéger. En limitant leur investissement, ils atténuent la pression et préservent leur santé mentale et physique.

La quête de sens et le rééquilibrage de la vie personnelle

La crise du COVID-19 a poussé de nombreux salariés à repenser leurs priorités. Les valeurs de l’entreprise, la flexibilité et l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle sont devenus des critères primordiaux. La démission silencieuse est alors une manière pour les employés de préserver leur santé mentale et leur qualité de vie.

Dans ce contexte, le rapport au travail est de plus en plus pécuniaire : près de 45 % des actifs ne travaillent que pour l’argent. Pour de nombreux jeunes, en particulier, l’engagement professionnel ne compense plus le manque de perspectives et de reconnaissance : 54 % des moins de 25 ans expriment ce désenchantement.

Identifier les signes de démission silencieuse chez les collaborateurs

Le quiet quitting peut être difficile à détecter, car il se manifeste par des comportements passifs. Pourtant, certains signes ne trompent pas.

Baisse de productivité

La productivité est souvent le premier indicateur d’une démission silencieuse. Un salarié désengagé n’atteint pas ses objectifs, ou de justesse, sans réelle motivation à exceller. En évitant de dépasser les attentes, il impacte directement la performance de l’équipe.

Manque d’initiative et de collaboration

Les collaborateurs en démission silencieuse évitent de s’impliquer dans des projets collectifs ou de proposer des idées nouvelles. Ils se concentrent uniquement sur leurs missions de base, sans chercher à aller au-delà de ce qui est demandé. La créativité et la collaboration en équipe en pâtissent.

Modification des habitudes de travail et absentéisme accru

Les absences fréquentes, les retards ou les congés à la dernière minute peuvent être des indicateurs de démission silencieuse à creuser. Un salarié qui se désintéresse de son travail cherchera naturellement à minimiser son temps passé sur place.

Changements d’attitude et de comportement

Les changements de comportement peuvent être subtils : moins de communication, un ton plus neutre ou indifférent, voire des signes de malaise. Les relations avec les collègues deviennent strictement professionnelles, et l’engagement personnel diminue visiblement.

Ces indices permettent de diagnostiquer le malaise et d’engager des discussions constructives pour apporter un soutien ciblé.

Quiet quitting : quels risques pour l’entreprise ?

L’impact sur la productivité

Le quiet quitting entraîne une baisse significative de la productivité de l’entreprise. Vous l’avez compris : les collaborateurs en démission silencieuse se limitent à leurs tâches de base, sans chercher à exceller ou à contribuer au-delà de leurs missions. Leur travail devient mécanique, et l’engagement fait place à une simple exécution. Cela se traduit par une diminution de l’efficacité de l’équipe et de l’atteinte des objectifs. Selon l’IBET, le désengagement coûte aux entreprises près de 14 840 € par salarié.

Le coût indirect de la démission silencieuse

La démission silencieuse génère des coûts indirects, souvent sous-estimés. Outre la baisse de productivité, elle provoque un besoin accru de supervision et de soutien pour compenser le manque d’implication des salariés concernés.

Les équipes peuvent se retrouver sous pression pour maintenir le niveau de performance, générant un surcroît de stress et de fatigue chez les collaborateurs engagés.

À long terme, ces effets induisent un turnover plus élevé, des coûts de recrutement supplémentaires, et des perturbations organisationnelles.

La marque employeur affaiblie

Un salarié qui se désengage et ne trouve plus de sens dans son travail ne promeut pas l’entreprise positivement à l’extérieur. Cela affecte la perception publique et réduit l’attractivité pour les talents potentiels, qui hésitent à rejoindre une entreprise perçue comme manquant de reconnaissance et de bien-être.

Dans un contexte de guerre des talents, les entreprises doivent soigner leur marque employeur en cultivant un environnement de travail qui valorise l’engagement et le bien-être de chaque collaborateur.

Comment prévenir la démission silencieuse en entreprise ?

Revoir les pratiques managériales

Adopter un style de management qui valorise l’écoute et l’autonomie peut être une piste pour éviter le quiet quitting. En donnant plus de latitude aux collaborateurs dans leurs missions et en les encourageant à partager leurs idées, les managers renforcent l’implication individuelle. Une approche basée sur le feedback et le dialogue régulier pourrait aussi aider à détecter d’éventuels signes de démotivation. Au-delà des objectifs, intégrer un suivi de bien-être ou des entretiens de bilan peut contribuer à un climat de confiance et d’engagement.

Favoriser un environnement de travail sain et flexible

Créer un environnement de travail équilibré, où les salariés peuvent se sentir à l’aise, est essentiel pour leur bien-être. Par exemple, une organisation qui permet de concilier vie professionnelle et personnelle ou un espace de travail accueillant peut influencer positivement la motivation. Accorder une certaine flexibilité, comme le télétravail ou des horaires variables lorsque c’est possible, peut également améliorer le bien-être des employés. Pauses, instants de détente, journées de cohésion sont autant de moments permettant de rendre le travail plus agréable pour tous.

Parier sur l’évolutivité

Opportunités de formation continue, promotions internes, projets à responsabilité… Offrir des perspectives d’évolution challengeantes aux collaborateurs peut être une bonne façon de favoriser l’engagement. L’entreprise montre sa confiance dans le potentiel de chaque salarié. Les parcours de carrière bien définis aident aussi à fidéliser les talents.

Proposer des solutions bien-être aux collaborateurs

Les programmes de bien-être en entreprise peuvent contribuer à l’épanouissement global des équipes. En offrant des initiatives comme le soutien psychologique, des activités de relaxation ou des séances de coaching, l’entreprise peut montrer qu’elle valorise la santé mentale et physique de ses collaborateurs.

Des plateformes comme Wellbeing Journey facilitent l’accès à des services adaptés aux besoins de chacun. Avantages sociaux, aides du quotidien, ressources QVT, sport en entreprise… La solution RH propose de concilier bien-être personnel et vie professionnelle pour un équilibre plus harmonieux.

La démission silencieuse au travail : un signal d’alerte à prendre au sérieux ?

Le quiet quitting invite les entreprises à une réflexion profonde sur leurs pratiques et leurs valeurs. Ce phénomène, qui pousse les salariés à limiter leur engagement au strict minimum, est un symptôme d’un malaise plus large : le manque de reconnaissance, l’épuisement ou le besoin de sens au travail. Plus qu’un simple hashtag, il interroge sur la place du travail dans nos vies et le modèle managérial. Face à cela, les entreprises peuvent saisir cette alerte pour réajuster leurs stratégies de gestion des talents. L’idée ? Cultiver un environnement de travail plus humain, flexible et axé sur l’épanouissement personnel et professionnel.

Découvrez aussi : Engagement des salariés : les 10 piliers à développer

Auteur: L'équipe Wellbeing Journey
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