10-01-2024
Le taux de salariés expérimentant régulièrement le télétravail a grimpé en flèche ces dernières années. Il est passé de 3 % en 2017 à 22 % en 20 21. Cette organisation professionnelle, autrefois perçue comme un privilège pour une minorité, est devenue une réalité quotidienne pour plus d’un travailleur sur cinq. Dans beaucoup d’entreprises, le passage abrupt au télétravail imposé par la crise sanitaire a soulevé de nombreuses questions : baisse de la productivité, intensification des risques psychosociaux, porosité entre la vie privée et la vie professionnelle sont autant de sujets mis en exergue par la génération du travail à distance. Aujourd’hui, certaines entreprises semblent faire marche arrière pour exiger un « retour au bureau » aux collaborateurs. Est-ce vraiment, comme certains le prédisent, la fin de l’âge d’or du télétravail ? Peut-on raisonnablement envisager un retour aux modes d’organisation majoritaires avant la crise sanitaire ? L’avenir du télétravail ne se trouve-t-il pas dans la mise en place de modèles hybrides ?
Télétravail, travail hybride, full remote : de quoi parle-t-on vraiment ?
Qu’est-ce que le télétravail ?
Le télétravail est un terme devenu familier. L’INSEE en donne une définition très simple : « Le télétravail consiste à travailler hors des locaux de son employeur, pendant ses horaires habituels de travail. Il suppose de pouvoir se connecter au système informatique de son établissement. »
Cette organisation désigne donc l’exercice d’une activité professionnelle hors des locaux de l’entreprise, facilité par les technologies de l’information et de la communication. Pourtant, le télétravail se manifeste sous différentes formes :
- Télétravail occasionnel : certaines journées de travail s’effectuent à distance, en fonction des besoins de l’entreprise ou du collaborateur.
- Travail hybride : une formule flexible où le salarié peut choisir de travailler à distance ou dans les locaux de l’entreprise selon ses préférences.
- Full remote, ou télétravail total : où l’employé travaille exclusivement à distance, sans présence physique dans les bureaux de l’entreprise.
Dans les grandes entreprises, le télétravail est souvent encadré par un accord collectif ou une charte, précisant les conditions et les modalités de son application. Les TPE-PME ont quant à elles davantage recours à des arrangements entre l’employeur et le salarié, formalisés par écrit.
Les chiffres du télétravail en France
En moyenne, le travail à distance s’exerce deux jours par semaine. Le télétravail total (ou full remote), cette organisation parfois décriée, ne concerne en réalité qu’une minorité de télétravailleurs. En France, seulement 8,5 % des personnes pratiquent le full remote, ce qui est relativement faible comparé à d’autres pays voisins comme le Royaume-Uni qui compte 27,9 % de salariés en 100 % distanciel.
Il faut bien avoir à l’esprit que le télétravail n’est pas accordé de façon homogène selon les milieux ou catégories socioprofessionnelles. Les cadres sont les plus susceptibles de télétravailler, avec 55 % d’entre eux le pratiquant en 2021. En parallèle, seuls 17 % des employés qualifiés pouvaient bénéficier de ce type d’aménagement.
Au niveau géographique, les différences se font aussi sentir : il est plus répandu en Île-de-France, probablement en raison des longs trajets et de la densité de la population dans cette région.
Depuis la crise sanitaire, le télétravail s’est imposé dans de nombreuses entreprises, mais son adoption est moins répandue dans les PME et TPE par rapport aux grandes entreprises. Les études montrent que les petites structures sont plus hésitantes à embrasser ce mode de travail, souvent en raison de contraintes techniques, réglementaires, ou de réticences culturelles et managériales. D’après une enquête menée par BpiFrance, le nombre de salariés de l’entreprise augmente la probabilité de pouvoir bénéficier du télétravail. Par exemple, une PME de 50 à 99 salariés a 5 fois plus de chances de pratiquer le télétravail qu’une TPE de moins de 10 collaborateurs.
Les disparités sont réelles sur tout le territoire. Il n’y a donc pas un seul modèle de télétravail mais bien une multitude d’organisations.
Coup d’œil dans le rétroviseur : quel est l’impact du télétravail ?
Entre les pro et les anti-télétravail, le débat fait rage depuis quelques années. Les avantages avancés par les collaborateurs convaincus se heurtent aux limites soulevées par certains employeurs. Pourtant, du côté du salarié comme de l’entreprise, les enjeux sont nombreux et se rejoignent.
Quels sont les avantages du télétravail ?
Si le travail à distance semble si populaire chez bon nombre de collaborateurs, c’est parce que ses avantages sont multiples.
- Le lieu de travail est flexible. C’est le fameux « Work From Anywhere ». Que ce soit depuis leur domicile situé dans une autre région que les locaux de l’entreprise ou dans un espace de coworking, le télétravail offre l’opportunité d’équilibrer plus facilement vie personnelle et professionnelle. D’ailleurs, près de 48 % des télétravailleurs envisagent de déménager loin de leur entreprise. Attention, certains accords collectifs limitent toutefois les lieux où il est possible de télétravailler.
- La gestion du temps est facilitée. Travailler à distance offre une flexibilité considérable. Les collaborateurs peuvent structurer leurs journées en fonction de leur pic de productivité. Une autre façon de concilier travail et obligations personnelles, comme les contraintes liées à la garde d’enfants ou les activités de loisirs.
- Une réduction des heures de trajet domicile-travail. C’est un fait, le télétravail permet aux travailleurs d’économiser un temps précieux qu’ils auraient autrement passé dans les transports. Résultat : moins de stress, plus de temps pour les loisirs ou la famille, et une meilleure santé générale.
Du point de vue de l’entreprise, les raisons de mettre en place du télétravail pour les collaborateurs sont tout aussi convaincantes :
- Augmentation de la productivité : les salariés en télétravail se disent plus efficients. La raison ? Moins de distractions ou d’interruptions dans leur activité, et donc une meilleure concentration. Certaines analyses mesurent le gain de rentabilité à environ 20 %. Toutefois, les résultats sont contradictoires selon les études menées, d’où le débat sans fin autour des bienfaits du télétravail.
- Économies générales pour l’entreprise, réduction de la surface des bureaux (par la mise en place de flex-office, par exemple), diminution de la facture énergétique.
- Extension du pool de talents : en éliminant la contrainte géographique, les employeurs peuvent accéder à un bassin de professionnels plus large. Il est possible de recruter des profils diversifiés et compétents qui ne seraient pas disponibles localement. Mieux : proposer du télétravail améliore l’attractivité de l’entreprise et facilite donc l’embauche des collaborateurs. 69 % des salariés de bureau estiment d’ailleurs que le travail hybride est fondamental pour retenir les talents.
Quels sont les risques du télétravail ?
Certains employeurs sont frileux lorsqu’il s’agit de mettre en place une politique de télétravail au sein de leur entreprise. D’autres décident de l’instaurer un peu par dépit, sur demande des collaborateurs. Pour les managers, la difficulté de contrôle et de supervision peut représenter un défi majeur. 43 % d’entre eux estiment que le télétravail a complexifié leur posture managériale.
D’autre part, le télétravail peut impacter la culture et la cohésion d’une entreprise. D’après une étude récente menée par Opinion Way pour Slack, 36 % des actifs interrogés indiquent que le travail à distance a détérioré les relations intergénérationnelles. La communication, moins immédiate et moins naturelle à distance, peut engendrer des malentendus et une perte de la dynamique d’équipe.
Enfin, le télétravail peut exacerber les risques psychosociaux. Isolement, solitude, sentiment de coupure avec les collègues peuvent apparaître sur le long terme chez certains télétravailleurs. De même, la difficulté à séparer le travail de la vie personnelle peut mener à une surcharge et à un épuisement. Difficile de « déconnecter » lorsque l’ordinateur professionnel est toujours allumé dans le salon… De plus, travailler dans un espace inadapté peut entraîner des problèmes ergonomiques et troubles musculosquelettiques. Les collaborateurs ne sont que 61 % à disposer d’un aménagement spécifique à domicile.
Quid de la productivité ? Si certaines études affirment que le travail à distance permet un gain d’efficacité, d’autres disent… tout le contraire ! Par exemple, Morikawa (2020) a indiqué que certaines entreprises avaient subi une perte de productivité de l’ordre de 40 % lors du passage au télétravai . Mais l’une des raisons de cette dégringolade n’est-elle pas dans le manque de préparation ou de formation à ce type d’organisation du travail ?
Retour au bureau : quand les entreprises font machine arrière
Depuis quelques mois, un mouvement se dessine : celui du RAB, ou retour au bureau. Après une période où le télétravail était la norme, 82 % des entreprises auraient adopté des directives ou à minima encouragé le retour en présentiel.
Aux États-Unis, les revirements ont fait grand bruit. Des employeurs américains de renom, comme Tesla ou Disney, deviennent réticents à maintenir le télétravail. Leurs arguments contre cette forme d’organisation du travail ? La contre-productivité, les freins à l’innovation, à la collaboration et au développement des compétences.
Pour gérer ce changement, certaines entreprises ont adopté des mesures intermédiaires, comme un retour au bureau exigé de quelques jours. C’est le cas de Google, Meta ou Amazon. D’autres figures comme Elon Musk ont clairement imposé le 100 % présentiel à leurs équipes. Les salariés de Twitter (devenu X) semblent donc vivre des montagnes russes en matière de politique de travail à distance. Souvenez-vous : Jack Dorsey, l’ancien CEO du géant américain, avait accordé le télétravail « pour toujours » aux collaborateurs qui le souhaitaient.
En France, des entreprises comme Groupama Immobilier suivent cette tendance. Le groupe expérimente un retour au bureau tous les jours pour une période de 3 mois depuis le 14 novembre 2023. L’idée ? “Se serrer les coudes” en temps de crise de l’immobilier. Mais en règle générale, le retour physique au bureau se manifeste par des jours de présence obligatoires. Nombreux sont les collaborateurs disant d’ailleurs ressentir une certaine pression pour revenir sur site.
30 % des travailleurs font pourtant le lien entre retour au bureau et diminution de leur productivité. Pour eux, travailler en présentiel revient à consacrer 5 à 15 minutes de plus par heure pour une seule même tâche.
Quel est l’avenir du télétravail en France ?
Et si la solution intermédiaire était la clé ? L’avenir du télétravail semble s’orienter vers une formule hybride, combinant présence au bureau et travail à distance. Actuellement, près de la moitié des salariés français expriment le souhait d'exercer en mode mixte. Ni trop, ni trop peu. La première motivation pour 82 % d’entre eux ? La flexibilité ! En outre, nombreux sont les collaborateurs à considérer que ce type d’organisation permettrait de réduire la fatigue physique et d’améliorer leur bien-être et leur santé. De l'autre côté, 84 % des dirigeants souhaitent l’implémenter dans leur entreprise. Aurait-on trouvé le juste équilibre entre full remote et full présentiel ?
Mais comment inciter les collaborateurs à revenir au bureau ? Aujourd’hui, le télétravail est pour beaucoup considéré comme un acquis social. Difficile de faire marche arrière sans faire grincer des dents. 70 % des salariés d’entre eux souhaiteraient bénéficier de compensations financières plus importantes du fait de leur retour plus fréquent dans les locaux de l’entreprise : prise en charge complète des frais de transport, des repas, accès à des services de conciergerie, voire de garde d’enfants.
L’enjeu pour les employeurs est donc de trouver un équilibre entre les attentes des salariés et les impératifs d’organisation ou contraintes budgétaires, notamment chez les PME. Pour répondre à ces problématiques, Wellbeing Journey accompagne justement les entreprises et leurs collaborateurs : sensibilisation à la santé et au bien-être global, accès à des services essentiels de tous les jours, déploiement de stratégie QVCT (Qualité de vie et conditions de travail). L’objectif ? Favoriser un quotidien plus serein pour les salariés, au bureau comme en télétravail.
RetourAuteur: La team Wellbeing Journey